Hospitalité urbaine, mobilisations et santé psychique des personnes exilées très précaires à Paris
Présentation
Ce projet de recherche se situe au croisement de travaux portant sur les thématiques d’accueil local et de ceux centrés sur les questions de santé des personnes exilé·es. Les problématiques de santé psychique sont étudiées à partir des dimensions biographiques et migratoires des personnes exilées, mais aussi de leurs conditions sociales et matérielles, en grande partie dépendantes des conséquences sur leurs vies des politiques migratoires (Fassin, 1996 ; D’Halluin, 2009 ; Wang, 2018).
La recherche-action repose sur une enquête ethnographique menée par Camille Gardesse au sein de la permanence psychologique hebdomadaire de Médecins du Monde pour les personnes exilées à Paris, qui croise une observation participante durant deux périodes de 5 mois (entre octobre 2021 et février 2022, puis entre octobre 2023 et février 2024), en tant que bénévole à l’accueil de la « permanence psy » et une série d’entretiens semi-directifs auprès des salariés et bénévoles de Médecins du Monde et auprès de personnes exilées.
L’enquête avait pour objectif de comprendre concrètement les problématiques de santé psychique de personnes exilées en situation de grande précarité, mais aussi ce qu’elles révèlent des politiques et des pratiques d’accueil, ce qu’elles disent de l’hospitalité en ville. Dans ce cadre, l’action portée par Médecins du Monde est appréhendée comme une mobilisation de la société civile et une attention particulière est portée aux personnes impliquées dans le dispositif de la permanence psy. Étudier leurs profils sociodémographiques, les ressorts de leurs engagements, mais aussi leurs pratiques et réflexions sur celles-ci apporte des éléments de compréhension des mobilisations de solidarité avec les personnes exilées à Paris. La dimension spatiale de ces processus est au cœur de ce travail, tout autant pour mettre en exergue les effets concrets de l’action publique dite d’accueil sur les expériences urbaines des exilé·es, que pour penser le micro-local et les mobilisations, individuelles et collectives, comme échelles d’hospitalité.
Cette étude de cas, tout à fait révélatrice des tensions fréquentes entre déficits de l’action publique en termes d’accueil et prise en charge par une organisation citoyenne, conduit également Camille Gardesse à poursuivre mes réflexions sur ce qui fonde l’hospitalité locale urbaine, en particulier au travers de la mobilisation des bénévoles, dans un contexte parisien de non-accueil institutionnel.
Par ailleurs, l’un des axes importants du partenariat avec Médecins du Monde est la question des ressources disponibles à Paris pour un accès des personnes exilées en situation de grande précarité aux soins de santé mentale. Camille Gardesse a réalisé un panorama cartographié de ces ressources à partir d’une campagne d’entretiens avec différentes organisations qui mettent en place ou accompagnent cette prise en charge. Cette démarche permet aussi d’identifier les enjeux de l’accompagnement psychologique dans la gestion des symptômes de stress post-traumatiques.
Equipe de recherche
- Camille Gardesse (Lab'URBA)
Activités et événements associés
Rédaction d’un rapport Médecins du Monde – à paraître
Création d’une Bande Dessinée avec Médecins du Monde – à paraître
Différentes interventions avec des membres de l’équipe de la permanence psy Médecins du Monde, notamment :
Alauzy, P., Gardesse C., Labes F., « Santé mentale et hospitalité en ville : comment la société civile assure l’accès aux soins des exilés les plus précaires, l’expérience de la Permanence Psy de Médecins du Monde à Paris » - Congrès de la Société Française de Santé Publique, Saint-Etienne, 4-5 octobre 2023
Labes F., Gardesse C. ; « Des violences corrélées à la condition d’exilé.e.s au fondement des problématiques de santé mentale : expériences de non-accueil en France et traumatismes liés à l’émigration », Séminaire du Collectif de Pantin, Journée d’étude sur l’exil : du concept juridique de vulnérabilité à la fonction cicatricielle du silence dans l’exposition à l’extrême violence, 3 février 2024
Contact
Camille Gardesse : Camille.gardesse@u-pec.fr