Antoine Leydier

Ma thèse de géographie, intitulée « Pratiques et contraintes de mobilité des habitants des quartiers prioritaires parisiens » est dirigée par Arnaud Passalacqua et co-encadrée par Hélène Charreire. Dans le cadre d’un contrat CIFRE, ma thèse est co-financée par la Ville de Paris (réalisée au sein de la Direction de la Voirie et des Déplacements) et l’Association Nationale de la Recherche et de la Technologie (ANRT).

L’accélération globale de la mobilité (en kilomètres par jour et par personne ; Bigo, 2020), portée par les avancées technologiques et la généralisation de l’automobile, a entraîné une extension de l’espace géographique, dispersant les activités à travers le territoire. Rapidement, des inégalités de mobilité se sont ainsi dessinées, car la capacité à se déplacer nécessite un certain niveau de ressources et de compétences (Kaufmann, 2002).

Deux études quantitatives produites à partir des grandes enquêtes de déplacement (Juste et al., 2020 ; Isambourg et al., 2023) ont récemment montré que les habitant.es des quartiers prioritaires se déplaçaient sur de plus faibles distances, mais avec des durées de déplacement plus importantes, s’expliquant notamment par un moindre accès à la vitesse. Dans l’unité urbaine parisienne, ils utilisent davantage les transports en commun et la marche ; moins la voiture et le vélo. Ces résultats sont expliqués par des contraintes agissant sur ces populations, qui ne sont pas uniquement économiques mais qui reposent sur une multiplicité de facteurs : non-recours aux tarifications sociales, structures familiales, horaires décalés, compétences de mobilité, barrières psychologiques etc… (Douet & Vallée, 2021 ; Féré, 2013, Kaufmann, 2002).

À partir de ces constats, nous tenterons d’étudier les pratiques et contraintes de mobilité des habitants de trois quartiers prioritaires parisiens (Porte de Saint-Ouen, Belleville et Porte Brancion) en émettant l’hypothèse que malgré une équitable desserte en transports en commun dans l’ensemble des quartiers prioritaires parisiens, des spécificités dans les pratiques et contraintes de mobilité pourraient être mises en évidence dans chaque quartier, vraisemblablement liées à certains indicateurs tels que la composition sociale du quartier, sa géographie, sa marchabilité (et cyclabilité) ou encore son tissu économique.

Il s'agira également de comprendre, si des différences de pratiques et de représentations sont effectivement observées, comment elles se justifient et si elles résultent de choix délibérés (l’ancrage local comme ressource : Fol, 2009) ou subis par les personnes concernées.

Enfin, la nature Cifre de ma thèse offrira également l’opportunité d'analyser de manière approfondie les politiques publiques propres à la Ville de Paris, (en observant le processus d'élaboration en interne) ainsi que leur impact concret sur la population étudiée.

Après une licence en géographie-aménagement du territoire et une certaine appétence pour les mobilités, j’ai poursuivi mon cursus universitaire au sein du Master Transport, mobilité, réseaux à l’Université Paul Valéry Montpellier III.
Durant cette formation, j’ai notamment participé à un atelier de groupe sur les mobilités des habitants des quartiers prioritaires montpelliérains, ce qui a développé mon intérêt pour l’étude des inégalités de mobilité. J’ai ensuite approfondi mes connaissances sur le sujet en réalisant en 2022 pour le compte de la Plaine Commune et de la délégation générale aux jeux olympiques et paralympiques (DGJOP), un diagnostic des mobilités actives des enfants du quartier prioritaire Charles Hermite (Paris 18) et Diderot Montjoie (Saint-Denis) durant mon contrat d’ingénieur d’études. Ces expériences et mon intérêt pour le sujet m’ont conduit à candidater à une bourse CIFRE proposée par la Ville de Paris, qui avait exprimé la nécessité d’accueillir un doctorant dans ses services pour analyser les contraintes et pratiques de mobilité des habitants des quartiers prioritaires.

• Géographie urbaine
• Mobilité
• Inégalités

• UrbASanté

En parallèle de ma thèse, mon statut de doctorant Cifre me conduit également à produire des études pour l’Agence de la mobilité, toujours en lien avec mon sujet de thèse. J’ai notamment pu travailler dernièrement sur les vélo-écoles parisiennes à destination des quartiers prioritaires, avec comme objectif de mesurer i) les freins à l’apprentissage du vélo, ii) les freins à la mise en pratique et iii) l’apport de ces cours d’apprentissage sur le plan social et spatial.